Mais pourquoi voyager ?
Cela fait deux semaines que j’ai déposé un baiser rosé sur la joue de ceux qui me sont chers, pour charger mon sac à dos sur mes épaules et prendre le large, sans vraiment savoir pourquoi. Une envie d’évasion ? De liberté ? Ou simplement cette raison un peu clichée de se découvrir soi-même ? Difficile à dire, mais je suis partie. Simplement partie.
Finalement, je crois que le plus difficile au début, ce n’était pas la peur de l’inconnu, le choc culturel, la crainte de manquer d’argent ou de rater mes correspondances dans le dédale de l’aéroport de Pékin, mais plutôt de découvrir ce qui resterait lorsque je serais seule. Que resterait-il une fois les couches de conventions sociales enlevées, les masques de BB crème et de skincare ôtés ? Les vêtements de marque, la quête de l’image parfaite, le contrôle de soi, et la pression de réussir laissés de côté. Mais réussir quoi, au juste ?
Alors oui, je suis partie avec un énorme sac de 10 kilos, mais surtout une tonne de pensées qui pesaient dans ma poitrine à chaque seconde passée seule, loin de mes repères et de mon groupe social. Pourtant, cette peur de me retrouver seule s’est brisée comme un miroir tombé sur un sol de marbre. J’ai compris que voyager, c’est avant tout converser avec soi-même, se parler pour se rassurer, dialoguer des heures dans les transports avec sa voix intérieure qui refait surface quand la boulimie d’interactions sociales laisse place au calme, au paysage, aux mosaïques de mosquées, aux carrousels de couleurs et à toutes ces nuances de peau et d’ethnies croisées en chemin. C’est cette même petite voix qui m’a permis d’écrire à nouveau, de créer, d’inventer et d’imaginer la suite de mon voyage et de mon histoire.
Au début, cette voix et moi n’étions pas toujours d’accord. Mais quand j’ai enfin accepté que cette fois mes pas se tournaient vers l’inconnu, il n’est resté que le meilleur de moi-même. Et je ne suis pas la seule à l’avoir remarqué. Finalement, quand on cesse de placer son moi profond sur l’autel du conformisme pour rentrer dans des boîtes étroites et rigides, et qu’on redécouvre une version plus authentique, plus spirituelle de soi, il ne reste que le bon. La connexion avec la nature et les autres, la volonté de vivre davantage l’instant présent, la prise de conscience de notre chance d’avoir gagné à la loterie de la naissance, car ce monde est magnifique. C’est peut-être cliché, mais on l’oublie trop souvent, pris dans la torpeur du quotidien et nos soucis, qui ne sont que des poussières de verre à l’échelle de l’univers.
Voyager, c’est se rappeler combien le monde est immense. Dans cet océan de possibles, on se demande alors : qu’est-ce qui est vraiment important ? Qu’est-ce que je veux garder ? Je ne pourrai pas tout être, tout voir, tout faire. Cette question est vertigineuse, mais lui trouver une réponse, c’est comme découvrir un raccourci dans un jeu vidéo. On avance alors plus vite. Plus léger.
Je ne prétends pas avoir résolu cette énigme, mais je vous en partage au moins un aperçu par écrit.
Bonne lecture sur mon blog.
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