Les relations virtuelles sont-elles dangereuses ? Telle est la question à laquelle tente de répondre Guillaume Delbos dans son premier roman publié aux éditions Romann.
J'ai naturellement été captivée par ce livre, ayant moi-même abordé le thème des rencontres virtuelles dans mon propre ouvrage. J'ai donc eu l'opportunité de découvrir ce sujet traité sous un autre angle. Le récit s'ouvre avec l'introduction du personnage de Victor, un personnage complexe, ni entièrement bon ni mauvais. Il possède un bon fond et une âme vibrante, mais il est en proie à ses propres démons : la cigarette, le whisky et un esprit névrosé.
En suivant le compte Instagram de Léopoldine, une talentueuse artiste peintre, Victor commence à l'approcher par le biais de likes, de commentaires et de partages, dans l'espoir de collaborer avec elle et de soutenir son travail. Ces interactions, bien que banales dans notre société moderne, aboutissent cependant à une relation plus intime. Page après page, le lecteur découvre les échanges entre ces deux personnages.
Ce que j'ai particulièrement apprécié dans cet ouvrage, c'est la description minutieuse du fonctionnement du réseau social et de l'algorithme qui le régit. Victor est conscient de la nature perverse de ce système et des mécanismes qu'il déclenche en nous, mais il s'y plonge néanmoins corps et âme. L'auteur met en lumière l'idée que les rencontres en ligne sont souvent vouées à l'échec, car tant que l'on n'a pas rencontré l'autre personne physiquement, on l'idéalise. On se projette, et l'imagination peut rapidement nous jouer des tours et créer des illusions.
D'autre part, j'ai apprécié l'aspect non binaire de l'ouvrage. La relation entre les deux amants se dégrade, et l'on se prend au jeu de savoir qui a tort et qui a raison. Le livre soulève de nombreuses questions : Léopoldine est-elle folle ? Manipulée ? Et Victor, n'est-il pas tout aussi fou de s'accrocher à cette relation virtuelle ?
Ce que je retiens du propos de l'auteur, c'est que la rencontre virtuelle implique des "non-obligations". Il est facile de bloquer ou de restreindre l'autre, et il est aisé de débuter une relation sans trop réfléchir, car, en cas de lassitude ou de désillusion, il suffit de tout couper net.
Enfin, j'ai aimé le style unique de Guillaume Delbos, notamment sa manière de ne pas utiliser le pronom "je", ce qui nous plonge directement dans la tête du personnage principal et nous fait ressentir la rapidité chaotique de ses pensées. Pour moi, c'est un sans faute : courez l'acheter !
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